L’ortie, un vrai trésor

Ortie, la phytothérapie à Genève avec Sarah Finci

L’ortie, un vrai trésor

La grande ortie ou ortie dioïque (Urtica dioica ; Urtica urens) est généralement LA plante que tout le monde connaît. Elle a plutôt mauvaise presse, car elle pique! Pourtant, ses vertus sont multiples et il s’agit d’un véritable trésor nutritionnel.  Nous allons d’abord voir quelques indications thérapeutiques, puis quelques recettes. 🙂

L'ortie, un vrai trésor

Phytothérapie

Elle occupe une grande place dans la phytothérapie car ses vertus sont considérables. On peut utiliser la plante entière, ses feuilles, les graines ou encore les racines. Dans cet article, nous allons nous concentrer sur les feuilles.

Très riche en minéraux, l’ortie est une plante extrêmement utile pour tamponner les déchets acides et reminéraliser. Elle est riche en fer, ce qui fait d’elle une plante anti-anémique particulièrement intéressante pour les femmes. Également riche en magnésium, elle permettra de se recharger de ce précieux minéral dont le corps est si friand. Elle possède par ailleurs des vertus toniques, diurétiques, anti-inflammatoires au niveau des articulations (car elle aide l’élimination de l’acide urique), et est utile en cas d’allergies saisonnières car elle a un effet anti-histaminique.

Pour avoir un effet thérapeutique sous forme de tisane, il faudra en consommer 1 litre par jour, à raison de 30g de plante sèche qu’on laissera infuser 30 minutes (ou plus) à couvert, et on répétera l’opération pendant au moins 21 jours… Bien sûr, on peut aussi la prendre sous d’autres formes (teinture-mère, EPS, extrait sec, etc.). Demandez conseil ! 🙂

N.B. Contre-indications : elle ne doit pas être utilisée en cas d’œdèmes liés à une insuffisance cardiaque ou rénale.

La cueillette

On la trouvera au bord des chemins, dans les sous-bois, au fond des jardins et plus généralement, dans tous les terrains riches en azote.

Mettez des gants ou soyez prudents : on peut éviter d’être piqué en cueillant la plante dans le sens du poil. Il est préférable de cueillir la partie supérieure de la plante, c’est à dire les 4 ou 6 premières feuilles (dont les jeunes pousses), de préférence avant la floraison. Les jeunes feuilles seront plus tendres, moins fibreuses et moins amères que les feuilles à la base de la plante.

Si vous vous piquez en les ramassant, appliquez tout de suite de l’eau vinaigrée sur la partie touchée, cela va neutraliser l’histamine contenue dans les poils urticants.

Quelques recommandations

  • Soyez bien sûr d’identifier l’ortie avant de la cueillir… 🙂 En cas de doute, il y a d’excellentes applications qui permettent une reconnaissance des plantes. Pour ma part, j’utilise Plantnet (iOS, Android).
  • Choisissez un lieu de cueillette écarté des routes et loin des cultures traitées avec des pesticides.
  • Ne prenez que la partie de la plante que vous allez utiliser. Un bon cueilleur est un cueilleur dont on ne remarque pas le passage… il ne récolte que ce dont il a besoin et laisse suffisamment de plantes pour préserver l’écosystème.
  • On peut tremper les orties dans de l’eau avec un peu de vinaigre pour bien les nettoyer.

L'ortie, un vrai trésor

Nutrition

D’un point de vue nutritionnel, c’est une vraie mine d’or. L’ortie est particulièrement intéressante pour les végétariens, car elle contient tous les acides aminés essentiels[1]. Il s’agit de la plante verte la plus riche en protéines, mais elle contient également des minéraux, de la vitamine C, et de la pro-vitamine A.

Composition pour 100 grammes de feuilles[2]

Eau 80g ; Protides 8g ; Glucides 9g ; Lipides 1g.

Minéraux : Calcium 630mg ; Phosphore 105mg ; Fer 7,8mg ; Sodium 1mg ; Potassium 410mg ; Magnésium 71mg.

Vitamines : Vit. A : 7000UI ; Vit. B1 : 0,15mg ; Vit. B2 : 0,15mg, Vit. B3 : 0,6mg ; Vit. C : 333mg.[3]

N.B. Il s’agit bien évidemment d’une moyenne indicative, car la teneur en nutriments dépend des sols et de la saison ! 

Recettes

En cuisine, on peut la préparer comme des épinards. Une fois cuite, elle ne pique plus, et c’est également le cas si on la coupe très finement en étant crue (pour mettre dans la salade) ou si on la hache (pesto).

Je vous propose trois recettes : la soupe aux orties, le pesto d’ortie et les gnocchis aux orties. Un vrai délice, j’ai testé ! 😉  J’ai par contre oublié de faire des photos des deux premières recettes… je les rajouterai quand j’en referai!

Soupe aux orties

Ingrédients :

  • 500 grammes d’orties fraîches
  • 1 oignon
  • 2 pommes de terre (farineuses)
  • 10-15 cl. de crème fraîche
  • 3 c.à.s. d’huile d’olive
  • Eau
  • Sel, poivre du moulin

Faire chauffer l’huile d’olive dans une casserole et y faire revenir l’oignon émincé. Ajouter les pommes de terre coupées en petits morceaux, puis les feuilles d’orties (sans les tiges). Couvrir d’eau, saler et poivrer, porter à ébullition puis laisser cuire une quinzaine de minutes à feu doux. Mixer et ajouter la crème directement dans les assiettes à soupe.

Pesto d’orties

Ingrédients :

  • 50 g d’orties fraîches
  • 2 gousses d’ail (que l’on dégermera)
  • 3-4 cuillères à soupe d’huile d’olive
  • sel, poivre
  • une petite poignée de noisettes concassées

Mixez tous les ingrédients sauf les noisettes puis versez dans un bol. Mixez les noisettes séparément, puis mélanger le tout. (On peut aussi utiliser d’autres oléagineux: noix, pignons de pin, …)

On peut l’utiliser en tartinade, en sauce Dip avec des crudités, ou avec des pâtes.

N.B. Le pesto d’ortie a tendance à s’oxyder très vite et donc à noircir s’il n’est pas consommé très rapidement après sa préparation. On peut le conserver en le mettant dans un petit bocal en le couvrant d’huile d’olive et en le mettant au frigo.

Gnocchi aux orties

L'ortie, un vrai trésor

Ingrédients :

  • 500g de pommes de terre (chair farineuse)
  • 60g de feuilles d’ortie fraîches
  • 1 œuf
  • Farine
  • Sel, poivre

Préparation :
– Faites cuire les pommes de terre dans l’eau salée
– En parallèle, cuisez les feuilles d’ortie à la vapeur douce ou plongez-les dans l’eau bouillante pendant 2 à 3 minutes, puis filtrez. Essorez bien les feuilles puis coupez-les finement.
– Quand les pommes de terre sont cuites, réduisez-les en purée.
– Ajoutez-y l’ortie hachée et l’œuf préalablement battu. Mélangez. Ajoutez peu à peu la farine jusqu’à former une pâte non collante, sans trop la travailler, sinon les gnocchis seront durs après leur cuisson.
– Formez ensuite des boudins d’environ 1,5 cm de diamètre et coupez des gnocchis tous les 2 cm. Pour les décorer avec ces jolies petites lignes qui les caractérisent, on peut les faire rouler sur une fourchette en appuyant un peu.

Personnellement, j’ai simplement assaisonné avec une bonne huile d’olive, un peu de fleur de sel, du poivre et du parmesan fraichement râpé.

N.B. N’oubliez pas de manger une belle salade composée en entrée ou en accompagnement pour ajouter des fibres à votre repas et ainsi modérer la charge glycémique de votre assiette !

 

L'ortie, un vrai trésor

Vous ne regarderez peut-être plus l’ortie du même œil après avoir essayé!

Pour des conseils personnalisés en naturopathie, contactez-moi, et merci de partager l’article sur vos réseaux sociaux s’il vous a plu ! 🙂

Prenez soin de vous et bon appétit!

 


[1] Les acides aminés composent les protéines et sont dits « essentiels » lorsqu’ils doivent être apportés par l’alimentation et ne sont pas synthétisables par l’organisme.

[2] COUPLAN, François, Guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées, Paris, Delachaux et Niestlé, 1998, rééd. 2011, p. 113.

D’autres données sont également disponibles sur cette page : https://sites.google.com/site/tpeortiejl/home/i—presentation-generale-de-l-ortie/ii—biochimie-de-l-ortie

[3] La plante doit être consommée crue pour pouvoir bénéficier de la vitamine C. En effet, cette dernière disparaît lorsqu’un aliment qui la contient est chauffé à plus de 60°C.

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Fleurs de sureau et phytothérapie à Genève avec Sarah Finci

Des fleurs à manger? C’est le printemps, les arbres sont en fleurs et certaines d’entre elles sont comestibles et délicieuses !

Je vous propose de partir à la découverte gourmande de saveurs fleuries. La saison de certaines fleurs comestibles est très courte, il faut donc en profiter.

En ce moment, deux arbres aux fleurs blanches sont en plein épanouissement et leurs inflorescences sont de bonnes candidates pour régaler nos papilles. Nous allons voir ce que l’on peut faire avec les fleurs de sureau ainsi qu’avec celles de robinier faux-acacia…

Des fleurs à manger? Le sureau noir (Sambucus nigra)

On l’appelle sureau noir car les baies de sureau sont noires, mais ses fleurs sont de couleur crème. Il s’agit d’un arbuste ou d’un arbre que l’on voit beaucoup dans nos régions. Attention toutefois à ne pas le confondre avec le sureau yèble, qui lui est toxique, mais qui ne fleurit que plus tardivement (fin juin-juillet).

Voici un sureau noir:

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Ses fleurs se présentent en ombelles, et elles sont délicieuses en beignets ! On peut également en faire du sirop ou encore du vin pétillant. Lors de votre cueillette, faites attention à choisir des inflorescences sans pucerons ou autres insectes, car ces petites bêtes adorent en faire leur abri.

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Voici quelques recettes:

Beignets de fleurs de sureau

Personnellement, je fais une pâte à crêpes avec de la farine de sarrasin (300 gr.), une pincée de sel, de l’eau (50 cl.), et une tombée d’huile d’olive. On remue doucement jusqu’à ce que la pâte soit lisse, puis on laisse reposer environ 30 minutes (encore que… ça marche aussi sans forcément laisser reposer la pâte). L’idée est de retrouver la consistance d’une pâte à crêpes, ajustez en ajoutant plus de farine ou d’eau en fonction de vos préférences.

On peut aussi tout simplement les préparer avec une pâte à crêpes classique, en fonction des envies, des intolérances et des ingrédients qu’on a chez soi !

Une fois que la pâte est prête, plongez une ombelle après l’autre dans la pâte en les tenant par la tige et déposez-les sur une poêle à crêpes préalablement chauffée avec un petit fond d’huile d’olive. Faites-les dorer des deux côtés, et dégustez encore chaud, sans manger le pédoncule (la petite tige) qui se détache assez facilement. Pour les gourmands, on peut rajouter un petit peu de sucre glace. Vous verrez, c’est délicieux. 🙂

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Sirop de fleurs de sureau

Pour un litre de sirop, il faudra prévoir de cueillir une quinzaine d’ombelles.

Ingrédients : 15 inflorescences de sureau noir, 1 litre d’eau, 1,7 kg de sucre de canne non raffiné, 1 gros citron bio coupé en morceaux, des bouteilles de verre stérilisées, un entonnoir.

Comment faire ?

  • Porter à ébullition l’eau, puis y ajouter les fleurs que l’on aura préalablement détachées des pédoncules (tige verte) et le citron en morceaux. Laisser infuser à couvert pendant une quinzaine de minutes en-dehors du feu.
  • Filtrer puis ajouter le sucre, chauffer et faire frémir pendant une dizaine de minutes (très légère ébullition).
  • À l’aide d’un entonnoir, verser le sirop chaud dans les bouteilles en verre stérilisées. Laisser refroidir puis le conserver au frigo. Consommer rapidement après ouverture.

Vin pétillant de fleurs de sureau noir

Pour un petit apéro frais et fleuri, essayez ce vin pétillant !

Ingrédients : 10 ombelles de sureau noir, 5 litres d’eau, 350 gr. de sucre de canne, 3 citrons bio, une passoire, un grand saladier (il doit pouvoir contenir tous les ingrédients), un entonnoir, un couvercle, des bouteilles de verre.

Comment faire ?

  • Séparer les fleurs de sureau des tiges, les mettre dans le grand saladier et les couvrir avec l’eau. Pressez les citrons et versez le jus dans le saladier. Ajoutez le sucre et mélangez le tout avec une cuillère en bois.
  • Couvrez le saladier avec un linge de cuisine et placez-le dans un endroit lumineux (si possible au soleil). On va le laisser reposer et fermenter entre 2 et 5 jours, en remuant chaque jour. La durée de fermentation varie en fonction de la température, et on sait que c’est le bon moment lorsqu’une odeur de fermentation se dégage ou lorsque le mélange est légèrement pétillant. (Plus il fera chaud, plus vite la fermentation se fera.)
  • Filtrez le mélange avec une passoire fine et versez-le dans des bouteilles en verre qui ont un clapet. Attention à ne pas remplir complètement les bouteilles et laissez un espace de 3-4 centimètres.
  • Laissez les bouteilles à la lumière (ou au soleil) pendant au moins une semaine, pour permettre que la gazéification se produise.
  • Conservez-le au frais et servez-le dans de belles coupes. 🙂

Le champagne aux fleurs de sureau noir est peu alcoolisé, ne contient pas de sulfites et se conserve au frais entre 6 et 8 mois.

Tisane de fleurs de sureau

Dans un but thérapeutique, les fleurs peuvent être séchées puis utilisées en tisane, ce qui sera utile par exemple en cas de refroidissement ou de bronchite. La tisane de fleurs de sureau stimulera la transpiration (par exemple en cas de fièvre) et l’élimination des toxines, favorisera les sécrétions des bronches, et stimulera légèrement le système immunitaire. Il s’agit d’une plante très utile pour les affections hivernales ! Il en faudra cependant une grande quantité (40 grammes de fleurs sèches par litre) pour avoir un effet thérapeutique, donc prévoyez une belle cueillette si vous avez l’intention de vous soigner avec cette plante.

N.B. Ses propriétés anti-virales sont également connues, mais c’est dans ce cas les baies de sureau noir qui seront utilisées pour avoir ces propriétés.

Des fleurs à manger? Le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)

L’autre arbre aux délicieuses fleurs blanches qui est en ce moment en pleine floraison est le robinier faux acacia. Il est souvent confondu avec l’acacia, mais c’est un robinier.

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Ces fleurs s’organisent par grappes, et se mangeront cuites uniquement.

Croquez la vie, croquez des fleurs !

Personnellement, je ne les cuisine qu’en beignet, en suivant la même recette que celle des fleurs de sureau. Je vous laisse donc vous référer à la recette ci-dessus ! 🙂

Si vous souhaitez en savoir plus sur les plantes comestibles et apprendre à les reconnaître, je vous recommande de faire un stage découverte avec Guy Lalière, qui est botaniste et naturopathe. J’ai eu la chance d’en faire un il y a quelques années et de découvrir tout un monde.

Il me reste à vous souhaiter une bonne dégustation et tenez-moi au courant de vos expériences fleuries !

Merci de partager l’article sur ces « fleurs à manger » sur vos réseaux sociaux s’il vous a plu! 🙂

Et si vous souhaitez un suivi naturopathique et phytothérapeutique, contactez-moi